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Cap transition, avec The Arch

Un séminaire dédié à la transition écologique sur un énorme paquebot ? vraiment ?

Piège en haute mer ?

Du 2 au 6 juin 2023, j’ai participé au séminaire embarqué de The Arch en tant que coach facilitatrice et modératrice. 

Ce huis clos démesuré (sur un paquebot de 17 étages, en mode Dubaï sur mer) a pour intention de déclencher des passages à l’action C.O.N.C.R.E.T.S pour mener notre transition écologique. De retour, je suis bien secouée. Je me sens comme une bouteille d’Orangina et je ne suis pas certaine que la pulpe va redescendre un jour.

Beaucoup me demandent : Alors ???? (Sous entendu : Est-ce que ça en valait vraiment la peine ? Tous ces gens ? Tout ce temps ? Toute cette énergie humaine et matérielle dépensée ? 1 Tonne de CO2 par passager (mesuré par Toovalu) ? Quasiment une semaine loin de ma famille (merci Christophe et Émile pour votre soutien)

Pour répondre à cette question tout à fait légitime, je vous partage ici ma propre expérience de l’aventure :

Le paradoxe d'un paquebot pour parler de transition écologique

AVANT: Should I stay or should I go ?

Quand j’ai été sollicitée pour intervenir, le paradoxe d’un séminaire sur la transition écologique des entreprises sur un énorme paquebot bling bling m’a forcément sauté aux yeux. J’ai pris le temps de la réflexion et voici pourquoi j’ai dit oui : 

  • Le projet est aligné avec la raison d’être de l’entreprise à mission Canary Call : “Activer les rencontres entre les talents et les besoins du monde”
  • Je suis convaincue de l’impact de ce type de dispositif qui nourrit la tête, touche les coeur et fait bouger les corps
  • Je crois en la puissance des expériences collectives en huis clos car l’émotion accélère l’action.
  • Prendre un bain de foule de personnes qui souhaite contribuer va régénérer mon propre engagement 
 

Illustration de la talenteuse Mai-Lan Tran-Bernaud

Arrêter du jour au lendemain la production des bateaux serait probablement désastreux pour l’écosystème local de Saint Nazaire. Ce bateau aurait dû faire le trajet à vide pour être livré à Copenhague. Il est un des premiers à être propulsé au GNL et a navigué à vitesse réduite.

Nous étions près de 60 coachs à nous préparer ensemble pour garantir une expérience cohérente aux participants. Chacun.e nous avons passé au moins 3 jours de travail en amont, guidés par les équipes d’Open lande (kudo à Juliette Vignes, Elodie Parent Riquet, Solène Dargaud, Emmanuel Valls, Hoel et Philippe entre autres)

Même en ayant visité le bateau virtuellement en amont et en y ayant longuement réfléchi, j’ai été stupéfaite en arrivant sur le chantier de Saint Nazaire. Il est tout de même écrit “Save the Sea” sur la coque… Comme beaucoup, je me suis demandée si je n’avais pas fait une énorme erreur. Le professionnalisme et l’authenticité des équipes m’ont vite rassurée.

PENDANT : Show must go on !

Une fois à bord, j’ai ressenti l’engagement total de chacun.e pour faire de ce séminaire une réussite collective. 1800 personnes et 300 organisations ont vécu ensemble pendant 5 jours, malgré nos différences de points de vue et les dissonances générées par le cadre du séminaire. Nous avions sous les yeux, beaucoup de ce qui dysfonctionne dans notre société : Hyper-consommation ; inégalités sociales entre les passagers et le personnel du bateau ; pollution ;  hyper-sollicitation sonore et visuelle…Comment embarquer et inclure pour remettre le vivant au coeur de l’économie en acceptant de considérer ce qui dysfonctionne ? Organisations, entreprises, startups, coachs, experts, scientifiques ont discuté, se sont parfois engueulés, pour aboutir à des engagements concrets. Le passage à l’action à titre individuel, au sein de nos organisations respectives, et à l’échelle de notre société, est l’objectif.

Un programme dense, tête coeur corps, pour passer à l’action

Programme du séminaire embarqué The Arch
Les conférences

Des conférences pour s’informer et comprendre une à deux fois par jour :

  • Climat et état du monde
  • 4 scénarios de l’ADEME pour la société et l’entreprise
  • L’entreprise régénérative
  • Conférences d’ouverture et de clôture

7 ateliers avec les mêmes 56 sous-groupes

J’ai facilité, en tant que coach, 7 ateliers pour un des 56 sous groupes de 12 personnes avec la théorie du U en fil rouge. Conçue par Otto Scharmer, la théorie part de la descente introspective individuelle et collective à la remontée vers du concret. Ces ateliers étaient au cœur de la démarche de la transformation individuelle et collective. Après avoir fait le point sur nos situations individuelles et dans nos organisations respectives, nous avons “touché le fond du U” en prenant conscience de la taille de l’enjeu et du chemin à parcourir. Au-delà de l’analyse intellectuelle, nous avons pris le temps d’accueillir et considérer les émotions que ces constats génèrent pour chacun.e. L’intelligence et l’énergie collectives nous ont ensuite permis de travailler à des engagements concrets pour évoluer vers une économie régénérative.

La théorie du U en fil rouge des 7 ateliers
Le sous-groupe 11 animé par Perrine Grua

Ce travail en sous-groupe était au cœur de la démarche de transformation individuelle et collective. Avant de démarrer les ateliers, au regard de la taille du bateau, du programme très chargé, de la multitude des sollicitations et des opportunités, je craignais que les personnes soient parfois absentes, discrètes ou très en retard. L’assiduité était cruciale pour que l’approche fonctionne. Les ateliers suivaient une logique précise. Sauter une étape pénaliserait autant l’individu que le groupe. Par ailleurs, assister aux conférences était un préalable nécessaire à chaque atelier. L’implication sincère de mon groupe N°11 (renommé “Les planctons enchanteurs”) m’a apporté beaucoup d’optimisme. Il fallait beaucoup d’audace, d’humilité et de curiosité pour oser vivre pleinement ce parcours. La diversité des groupes fut leur richesse. Ils étaient composés d’étudiant.e.s, de jeunes collaborateurs.rices, de porteurs.euses de solutions (startups engagées pour une économie régénérative), des dirigeant.e.s de grands groupes, de retraité.e.s. Les générations, les techno solutionnistes, les éco-anxieux.se, les végétariens.nes, les mangeurs.ses de hamburger …. se sont rencontrés et se sont confrontés dans un cadre aussi authentique que bienveillant. J’ai l’intime conviction que ce que nous avons vécu dans ces sous-groupes contribue à faire bouger les lignes et a abouti à des engagements sincères. J’en profite pour exprimer toute ma gratitude à mon groupe. Cette aventure partagée aura un impact significatif sur ma trajectoire aussi beaucoup grâce à eux.elles. 

De nombreuses rencontres autour de solutions ou sujets spécifiques :

Par exemple, j’ai modéré une table ronde autour de Marie-Laure Collet (Ambassadrice du groupe Interaction, Présidente d’Entrepreneurs pour la planète ; présidente de l’APEC France),  Loïc Gallerand (Dirigeant créateur du Groupe Interaction) et Bernard Golstein (Président co-fondateur de Elendi). Nous avons évoqué le rôle politique des dirigeant.e.s à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise :

  • De collaborateurs à co-acteurs h/F
  • Garantir l’employabilité des équipes de permanents et des intérimaires via la formation continue en anticipant les besoins de compétences à venir
  • Soutenir (financièrement notamment) les entrepreneurs qui œuvrent à l’évolution vers une économie régénérative 
Table ronde du groupe Interaction modéré par Perrine Grua
Bysco - 100 solutions

100 solutions mise en valeur à bord

100 entreprises innovantes, au service de la bascule écologique du tissu économique, étaient présentes lors du séminaire. Sélectionnées à l’issue d’un appel à projet européen, elles concernent 5 secteurs : ville-habitat, alimentation-santé, énergie, industrie-numérique, mobilités. Au sein de mon sous-groupe, j’ai eu la chance de découvrir Bysco avec Florence Baron (matériaux biosourcés à base de produits issus de la mytiliculture, aux applications multiples pour remplacer l’usage de matériaux pétrosourcés) et Carbonworks avec Guillaume Charpy  (une solution de décarbonation qui élabore et produit des matières premières renouvelables à partir du CO2 émis par l’agriculture et l’industrie).

Objectif : Business modèles régénératifs

L’objectif d’un business model régénératif est de créer un cercle vertueux dans lequel l’entreprise prospère économiquement tout en contribuant à la régénération de son écosystème et de la société dans son ensemble. Cela nécessite souvent une approche systémique et une vision à long terme, ainsi qu’une collaboration avec les parties prenantes pour relever les défis complexes liés à la durabilité et à la régénération.

 

Illustration de la talentueuse Solène Dargaud

Jean-Christophe Spinosi et son Ensemble Matheus

Le rôle de l’art mis en avant

Jean-Christophe Spinosi et son Ensemble Matheus ont notamment interprété : “Les 4 saisons et le réchauffement climatique”. Le printemps a été joué comme Vivaldi l’a composé en 1723. L’été, réimaginé en 2023, avec des mélodies orientales, nous rappelle la hausse des températures. L’automne nous a transporté en 2100, en pleine pagaille, en mélangeant les mélodies de Vivaldi avec des vois de politiciens, des sirènes et de bruits désagréables. L’hiver 3100 nous fait voyager péniblement, au ralenti. A la fin, le piaillement des oiseaux nous réveillent du cauchemar (vive les canaris !)

APRÈS : Let’s do it !

Mesurer l’impact des engagements concrets pris

Chaque participant a complété un fichier avec ses nouveaux engagements pris lors du séminaire. L’objectif est de pouvoir suivre à court, moyen et long terme l’impact de cet événement. 

Les solutions et les engagements ont ensuite été présentés au Parlement européen par une délégation qui s’est physiquement rendue à Bruxelles

Mon propre cheminement, les prises de conscience et les engagements dont j’ai été témoin, me font assumer avec fierté d’avoir contribué à ce séminaire, sujet de controverses. Je suis très heureuse d’avoir mis mes compétences de coach et de dirigeante au service de cette initiative. Je salue avec respect la folie de celles et ceux qui ont donné naissance à ce projet ambitieux et évidemment imparfait. Multiplions ce type de rassemblements qui font naître de la solidarité face au défi de la transition écologique. A l’heure où le sujet se politise, et donc se radicalise, ces moments de co-construction sont précieux.

Les axes d’innovations à trouver pour des événements encore plus régénérants

  • Comment reproduire cette expérience de foule en huis clos avec un impact carbone moindre ?
  • Garder l’intensité et l’émotion tout en prenant mieux soin de notre écologie personnelle (rythme, sommeil, bruit…) ?
  • Trouver un business modèle qui permette de rémunérer les professionnels impliqués comme ils le seraient sur d’autres sujets BtoB ?
  • Autres ?


Non, rien de rien, je ne regrette rien

Donc pour répondre à la question posée par mon entourage, légitimement suspicieux : Est-ce que ça valait le coup  ? Pour moi, c’est un grand OUI. Je ne regrette rien. J’assume tout. Et j’ai très envie de continuer à m’investir dans ces démarches qui rassemblent tandis que le sujet divise de plus en plus. Nous avons besoin d’avancer dans la même direction et donc d’être inclusif. Et oui, il y a des choses à améliorer et des solutions plus éco-responsables sont à inventer encore. 

Cette semaine restera un temps fort dans mon cheminement professionnel. 

J’ai toujours cherché à agir pour l’intérêt général via mon travail. Ce fut un moment d’accomplissement pour moi par son impact profond sur des trajectoires individuelles et collectives (dont la mienne). Merci à toutes les personnes qui ont donné vie à ce projet fou.

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